Entre deux contrats, un acteur, qu’est-ce que ça fait ? Eh bien, selon le niveau d’avancée dans le ménage auquel il appartient — en couple, en trouple, en groupe —, il récure, dresse la liste d’épicerie, fait l’épicerie, passe beaucoup de temps à l’épicerie, fait tout type de courses, s’entraîne, etc.
Si vous avez la chance de vivre avec une belle directrice extraordinaire et occupée par son boulot aux abondantes responsabilités en cette veille du temps des Fêtes, c’est ce que vous faites. On lui doit bien ça. Mais pour vrai, ça me fait plaisir. Je ne le vois pas comme une corvée.
Un homme moderne ? Moins moderne que de son temps…
Mais un acteur — et une actrice aussi, mais puisque je me considère comme un homme, je parlerai d’acteur. Bref, un acteur, entre deux contrats, ça réfléchit aussi. Oh oui, un acteur, ça réfléchit. En tout cas, moi, je réfléchis.
Je réfléchis, donc… Parfois trop, mais j’ai passé le stade de « pas assez ». J’ai passé l’âge de ne pas être capable de m’arrêter de peur de réfléchir et de me rendre compte qu’il y a des choses dans ma vie qui ne fonctionne pas.
Chanceux, je suis. Ma vie fonctionne bien depuis trois ans. Privilégié, même.
Toutefois, ces réflexions sont parfois très lourdes et font du surplace. Détrompez-vous, réfléchir, ça fait bouger, mais il vient un moment où il faut juste avancer.
Comme un joueur de tennis. Oui, je sais, mon préambule, le lien avec le titre de cet article. Du bonbon.
La philosophie du joueur de tennis n’est, selon moi, pas seulement bonne sur le terrain, mais elle peut être adoptée dans notre vie quotidienne.
Avancer. Au tennis, on prépare des stratégies que l’on applique à l’aide de tactiques. Des tactiques réfléchies selon qui on affronte, selon la situation à laquelle nous sommes confrontées. Avec le temps, ça devient un plan de match. Ce plan de match est peaufiné à travers des entraînements. On le répète comme une pièce de théâtre, encore et encore, jusqu’à ce qu’il devienne une seconde nature.
Lorsque le match se pointe le bout du nez, on devrait savoir ce qu’on a à faire. Alors, on avance, on avance, on ne recule pas. On ne réfléchit plus. On frappe la balle, c’est tout. On se relâche et on frappe.
Les sportifs professionnels vous le diront. Que faut-il faire pour remporter le match ? Bien exécuter le plan de match. Pourquoi la défaite ? Le plan de match n’a pas été exécuté comme il se doit.
Par la suite, il y a l’adversaire qui a bien lu le plan de match, qui l’a contré de main de maître et Ob-La-Di, Ob-La-Da. Mais on comprend, non ? Avancer.
Et pour avancer, on se doit de laisser le passé derrière nous. Oui, l’histoire nous apprend d’où nous venons, qui nous sommes maintenant et où on s’en va, mais au tennis, comme dans la vie, si nos pensées sont dans le passé, on bousille souvent le présent.
Un mauvais point ? On oublie ça et on recommence. On apprend de nos erreurs, me direz-vous. Il faut analyser tout ça afin de ne plus les répéter et bâtir la suite sur du positif, du solide. Mais à quel point faut-il ruminer le passé ?
Juste avancer, vivre dans le moment présent. Carpe diem. Plus facile à dire qu’à faire. C’est un bon plan de match. Il faut maintenant l’exécuter du mieux qu’on peut.
Cela nous amène à la volonté de bien faire. Bien faire les choses. Le volontarisme. Tout cela est positif, mais peut nous mettre de la pression. La détente est de mise.
Le joueur de tennis, pour s’éclater sur un court, se doit d’être détendu. C’est comme ça qu’il générera de la puissance. Il sera plus fluide, plus élastique et son transfert de poids, à chaque coup, lui permettra de frapper et de placer la balle dans les ouvertures avec aplomb et assurance.
La grande Billie Jean King le dit : « Pressure is a privilege. »
Lorsqu’on grimpe les échelons, plus on monte, plus il y a d’attentes, plus il y a de pression. Si on monte, c’est parce qu’il y a quelque chose que l’on fait bien. Ça fonctionne ! Alors, continuons de le faire, c’est tout !
Néanmoins, cette pression peut se retourner contre nous. Combien de fois avons-nous vu des rendez-vous manqués au cours de finales de Grand Chelem. Des joueurs et des joueuses qui s’écroulent sous la pression.
Je pense à Ons Jabeur, cette extraordinaire joueuse tunisienne. Deux finales de Wimbledon consécutives et deux défaites crève-cœur consécutives. La pression l’a sans doute fait échouer. La pression qu’elle s’est mise elle-même sur les épaules. Triste réalité.
Parfois, il faut prendre un pas de recul. Plusieurs même. Ça nous amène souvent à voir ou à revoir certaines situations avec un grain de sel. C’est juste un match de tennis, c’est juste une audition de Tim Hortons, c’est juste une chicane. On se retrousse les manches et on continue.
Parce qu’au fond, faire la bonne chose, c’est relatif. Ce qui est bon pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre.
La volée brossée n’est pas facile à maîtriser, la puissance du service doit parfois être remplacée par un bon placement de balle et l’agressivité de l’attaque doit être choisie avec intelligence.
Comme l’intelligence émotionnelle n’est pas donnée à tout le monde, tourner sa langue sept fois avant de parler est difficile à faire et « dormir là-dessus » avant de répondre à quelqu’un ou de prendre une décision importante demande de la maturité et une certaine sagesse.
Avancer. Vivre au présent. Regarder en avant. Se détendre. Ne pas craindre de se tromper. Faire ce qui est bon pour nous. Relativiser. Grandir et évoluer.
La philosophie du joueur de tennis.


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