Anett Kontaveit remporte une finale mémorable à Saint-Pétersbourg

L'Estonienne Anett Kontaveit embrasse le Trophée des dames de Saint-Pétersbourg (Elena Ignatyeva/Associated Press).

À la suite de la triomphante victoire de Rafael Nadal à Melbourne en janvier dernier, où il est revenu de l’arrière pour remporter le match en cinq manches contre Daniil Medvedev, plusieurs analystes faisaient l’éloge des duels trois de cinq. 

Tout au long de la saison, les hommes et les femmes jouent des matchs au meilleur des trois manches, mais en Grand Chelem, ces messieurs s’adonnent au supplice des duels au meilleur des cinq sets.

Hommes et femmes y allaient de leurs analyses à la télévision, sur les médias sociaux et à travers la Voie lactée — bon, j’exagère un peu — et exprimaient leurs sentiments face aux longs matchs marathons de cinq manches. 

Une blogueuse y est même allée d’une analyse que je qualifierais d’un peu vertigineuse en affirmant que les matchs en Grand Chelem de la WTA ne sont jamais aussi mémorables que ceux de l’ATP, à cause du format. 

Il est vrai qu’au meilleur des trois manches, Nadal aurait perdu la finale des Internationaux d’Australie. Il est vrai aussi que le tennis est un sport de résolution de problèmes et qu’en cinq manches on a le temps de résoudre tous les problèmes que l’on veut. Mais de là à affirmer que les matchs de la WTA sont moins mémorables… 

Ladite blogueuse marque tout de même un point. Le déséquilibre entre le tennis de la WTA et de l’ATP frappe encore. Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas jouer au meilleur des cinq manches en Grand Chelem ? Elles en sont capables. Haut la main à part ça. 

Pour ma part, la solution pour ramener l’équité entre les deux organisations de tennis serait de faire jouer tout le monde au meilleur des trois manches, et ce, tant en Grand Chelem que dans les autres tournois. 

Oui, ça peut être spectaculaire cinq manches, cinq heures de jeu, mais c’est aussi très long. De plus, le public de tennis est vieillissant et si nous voulons le rajeunir et donc intéresser les jeunes, il faudrait raccourcir les matchs. Même les trois grands — Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic — sont d’accord pour ramener tout le monde à trois manches. Pourquoi ne pas le faire ? 

Le tennis est un sport très traditionnel, voire conservateur. Les changements prennent du temps à être acceptés. Parlez-en à Billie Jean King et à son perpétuel combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes, tout au long de sa carrière.  

Bref, tout ça pour dire que les matchs de la WTA, bien qu’ils soient toujours joués au meilleur des trois manches, peuvent également être mémorables.

 

Par exemple, la finale du tournoi WTA 500 de Saint-Pétersbourg en Russie en aura été un. Elle mettait aux prises l’Estonienne Anett Kontaveit à la redoutable Grecque Maria Sakkari. 

Un duel marathon de trois manches qui a vu Kontaveit triompher par la marque de 5-7, 7-6 et 7-5. 

Au cours des dernières années, les meilleurs duels impliquaient souvent Sakkari. On se souviendra des deux confrontations entre Sakkari et Bianca Andreescu, en 2021, à Miami et au US Open. Des matchs de plus de trois heures où les joueuses s’arrachaient le corps pour l’emporter. 

C’est gravé dans ma mémoire. Mémorables…

 

Kontaveit amorçait ce match avec une fiche de 19-0 en tournois intérieurs, depuis 2021. Elle y allait pour un quatrième championnat d’affilée en salle. 

De plus, c’était la 13e confrontation entre les deux dames qui se sont départagé les 12 premières 6-6. Quoi demander de mieux ? 

Aussi, Sakkari était en quête d’un deuxième titre en carrière, elle qui a atteint quelques demi-finales Grand Chelem en 2021. 

Alors, les deux bonnes amies se sont amenées sur le central, sous les projecteurs roses et mauves, musique «boum boum» en arrière-plan, accompagnées d’une présentation haute en couleur.

 

Au cours de la première manche, les deux joueuses se sont échangé quelques jeux à zéro au service.

C’est au sixième jeu que Kontaveit brise sa rivale pour faire 4-2. À ce moment, l’Estonienne menait 15-7 au chapitre des coups gagnants et on sentait qu’elle avait la première manche dans la poche. 

À 5-3, Kontaveit sert pour la manche, mais Sakkari, grande batailleuse qu’elle est, brise et remporte les trois autres jeux pour mettre la main sur le premier set 7-5. 

Coup de théâtre ! 

À 5-5, Kontaveit avait commis 20 fautes directes contre seulement 11 pour Sakkari.

 

C’est rapidement 2-0 Sakkari en deuxième manche, mais on sent que Kontaveit n’a pas dit son dernier mot. Jeu après jeu, elle met de la pression sur le service de Sakkari qui flanche finalement et c’est soudainement 3-3. 

À 5-6 et Sakkari au service, Kontaveit n’arrive pas à convertir ses balles de bris. Ce sera donc le bris d’égalité, que Kontaveit remporte 7-4. 

À 5-4 en troisième manche, la Grecque sert pour le championnat, mais l’Estonienne revient à la charge. C’est 5-5. 

Le sentez-vous à quel point il a été mémorable, ce duel ? 

C’est 6-5 Kontaveit et Sakkari sert pour rester dans le match et forcer un autre bris d’égalité. Mais c’est Kontaveit qui triomphe. 7-5. Une 20e victoire de suite et un quatrième titre d’affilée en salle. 

Non, mais attendez un peu… Quel match ! Mémorable, même… (clin d’œil)

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