US Open : sous nos yeux, deux vedettes sont nées

Leylah Annie Fernandez et Emma Raducanu nous ont offert une finale historique au US Open 2021 (Getty Images). 

Par Eric D’Alo 

Samedi dernier à New York avait lieu la finale WTA du US Open 2021. 

Leylah Annie Fernandez affrontait Emma Raducanu. Deux jeunes femmes respectivement âgées de 19 et 18 ans. Deux histoires et deux parcours extraordinaires. 

Leylah, après être passée à travers ses deux premiers tours, fait tomber Noami Osaka, Angelique Kerber, Elina Svitolina et Aryna Sabalenka, pour se retrouver en finale sur le court du Arthur-Ashe Stadium. De son côté, Emma, issue des qualifications, survole le tournoi en ne concédant aucune manche à ses adversaires, ni même en finale, remportant son premier Grand Chelem par la marque de 6-4 et 6-3. 

Elle devient ainsi la première joueuse qualifiée, homme et femme confondu.e, à remporter un Grand Chelem. Elle est aussi la première Britannique à mettre la main sur le précieux trophée depuis Virginia Wade en 1977.

 

Ça va peut-être en choquer plusieurs, mais j’ai un faible pour Raducanu. Pour son style de jeu, son élégance, sa puissance et sa façon de bouger sur le terrain. Elle m’impressionne.

Fernandez m’impressionne tout autant et je suis fier de son parcours et même ému, mais j’avais prédit la victoire de Raducanu. Toutefois, je croyais que notre Lavalloise allait lui arracher une manche. Eh bien non, Emma était trop forte. 

Je n’ai pas — je n’ai plus — d’attachement national. Je suis fier que Leylah, une Québécoise, soit allée aussi loin, mais j’étais moins excité et émotivement engagé que lors du parcours de Bianca Andreescu en 2019. Et ça n’a aucun lien avec l'appartenance nationale. C’est plutôt le style de joueuse qui change la donne. 

J’aime les joueuses qui dominent, qui attaquent, qui ne lâchent jamais. Vous me direz que c’est ça Leylah. Oui, c’est vrai, mais il y a un je-ne-sais-quoi chez Emma et Bianca qui fait que je suis davantage derrière elles. Écoutez, on n’en fera pas une chronique, mais je tenais à m’expliquer.

 

Le match commence avec un bris de service au cours du premier jeu de Fernandez. C’est alors 2-0 pour Raducanu. 

Comme à son habitude depuis le début de la quinzaine, Fernandez revient immédiatement à la charge. La manche va jusqu’au score de 4-4. Emma remporte son service. 5-4. Toute la pression est maintenant sur les épaules de Leylah qui doit servir pour demeurer en vie dans ce set. 

Comme pour presque tous les jeux de la première manche, le 10e est une vraie bataille. Avec son sang-froid habituel, Leylah sauve trois balles de manche, mais la quatrième est fatidique. Emma l’emporte 6-4. 

La deuxième manche maintenant. 

Au deuxième jeu, Fernandez tire de l’arrière 0-40. Elle sauve trois balles de bris et remporte les deux autres points. Service gagné. Mission accomplie. 

Au cours du troisième jeu, Fernandez brise, mais le jeu suivant, Raducanu brise à son tour.

C’est 2-2.

 

Comme Hélène et Yvan l’expliquent en début de match, Raducanu n’a pas eu à affronter une joueuse qui s’est accrochée à son jeu depuis le début du tournoi, les qualifications incluses. Comment va-t-elle réagir contre une Fernandez qui ne lâche jamais ? 

Avec un coup droit de feu, un jeu de jambes exemplaire et un flair digne des plus grandes.

Maintenant, la controverse. 

C’est 5-3 pour Raducanu et elle est au service pour le championnat. 

Au cours du dernier point, elle glisse pour aller chercher la balle et s’égratigne le genou gauche. Il y a du sang, ça coule jusqu’en bas. 

Mais c’est aussi 30-40. Fernandez a une chance de revenir dans le match. Raducanu demande un temps d’arrêt. On lui accorde même un temps d’arrêt médical. 

Le choc ! 

Un temps d’arrêt d’environ cinq minutes pour une égratignure ? Fernandez est furieuse, argumente avec l’arbitre, mais en vain… Elle doit attendre. Son élan est coupé. Le momentum s’estompe. 

Emma revient au jeu, bandage au genou. Elle revient dans la partie et, comme une vraie championne, remporte le US Open avec un as. WOW ! 

Nous pourrions être fâchés. Je l’étais dans mon salon. Mais à bien y penser, Raducanu a demandé et elle a reçu. Nous devrions plutôt être en rogne contre l’arbitre qui a acquiescé à sa demande. 

Raducanu en a juste profité. Leylah en aurait sûrement profité également. Mais est-ce que Fernandez aurait demandé un temps d’arrêt, dans le même genre de situation ? S’il n’y avait pas eu de temps d’arrêt, Leylah aurait-elle renversé la vapeur ? Nous ne le saurons jamais. Ou peut-être un jour ?


Nous en sommes à la cérémonie de la championne, ou, devrais-je dire, des championnes. Lorsqu’on demande à Leylah de s’approcher pour l’entrevue avec Marie Joe Fernandez, la foule lui offre une ovation. Une belle et longue à part ça. Comme si elle avait remporté le tournoi. C’était beau et touchant. 

Ensuite, en larmes, visiblement fâchée, émue, déçue et heureuse à la fois, Fernandez a remercié la foule, sa famille et son clan. Ovation, cris de joie, grande manifestation d’appréciation, que dis-je, d’amour. 

Marie Joe a terminé son entrevue, mais Leylah a autre chose à dire :

 

La foule est assurément conquise. 

Quelle quinzaine ce fut ! Le US Open est vraiment le Grand Chelem le plus spectaculaire. Que d’énergie et d’électricité dans l’air ! 

J’ai déjà hâte à l’an prochain. 

Bravo Leylah… Bravo Emma… Sous nos yeux, deux vedettes sont nées…

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