Andreescu c. Sakkari : c’était la guerre

Le match entre Maria Sakkari et Bianca Andreescu a été une guerre que la Grecque a remportée (US Open).


Vers 22 h 30 HE, à la suite d’une autre victoire de Novak Djokovic, lui qui poursuit sa route vers la complétion du Grand Chelem — remporter les quatre grands tournois au cours de la même année —, Bianca Andreescu et Maria Sakkari entraient en scène sur le court du Arthur-Ashe Stadium. 

Une guerre s’apprêtait à commencer. 

On se souviendra de la demi-finale de Miami, cette année. Bianca l’avait emporté en trois manches ardues, et ce, amochée. Encore amochée, Bianca, à partir du septième jeu de la troisième manche, Athéna n’a pas raté sa chance cette fois-ci. 

En effet, 3 h 30 min plus tard, Sakkari — la joueuse la plus en forme sur le terrain — obtenait son laissez-passer pour les quarts de finale, elle qui affrontera maintenant Karolina Pliskova.


C’est difficile de la voir perdre de la sorte, Bianca Andreescu, boitant, ne servant que sur une jambe, se lamentant de douleur après chaque coup. Mais c’est ça le tennis… Il y aura toujours une gagnante et une perdante. 

Malgré la défaite en huitièmes de finale, Andreescu a montré des signes encourageants pour un retour à la domination. 

Pour commencer, son service, dans ce tournoi, est supérieur à ce qu’elle livrait avant. Sept as — dont six en première manche — et plusieurs grosses premières balles sur le « T » que Sakkari touchait, mais qu’elle n’arrivait pas à retourner. 70 % de premières balles au cours du match pour Bianca. 

De plus, son arsenal varié d’outils et d’armes de jeu est de retour, avec, en plus, de belles montées au filet et des volées cognées avec assurance. 

Son explosivité en retours de services m’a impressionné et sa flexibilité corporelle mérite le grade triple A. 

Ses coups étaient frappés avec autorité, elle n’hésitait pas autant que lors de ses premiers matchs et son instinct de tueuse était à point. 

Pas assez, cependant, pour déjouer complètement Sakkari, elle qui s’accrochait tout le temps.


Bianca menait 4-1 au premier set. Par la suite, plusieurs erreurs de sa part permettent à Sakkari de revenir dans la manche. Bianca l’emporte finalement au bris d’égalité par la marque de 7-2.

Beaucoup d’erreurs en balles courtes, au coup droit. En 2019, on ne voyait pas ça. Et je parle de balles dans le terrain, entre la ligne de fond et le carré de service et entre le carré de service et le filet. 

Bien sûr, Andreescu n’est pas encore en forme de match. Il lui manque du millage et de la forme physique. On ne le répètera jamais assez. 

En deuxième manche, Bianca continue de varier le jeu. Ses balles coupées, avec effet « top spin », et bombées trompent la Grecque. Sakkari est une joueuse volontaire et Bianca la laisse surjouer, elle la laisse commettre des erreurs. L’intelligence de la Canadienne est au rendez-vous. 

Comme Brad Gilbert l’a si bien appris à Andre Agassi lorsqu’il a été son entraîneur, il n’est pas nécessaire de toujours être le joueur qui frappe le coup gagnant. Parfois, on peut jouer pour faire rater l’adversaire. 

Andreescu se sort du pétrin et traîne Athéna au bris d’égalité. 8-6 Athéna.


Il était 1 h 15 du matin, à ce moment. Je suis allé me coucher. Non pas parce que le match ne m’intéressait plus, mais bon… Il faut dormir parfois. 

Enregistre la troisième manche, me lève le lendemain et appuie sur « PLAY ». 

Premier café. Bianca mène 2-0. Ça va bien. Oui, on y croit, elle y croit. 

Mais son prochain jeu au service, afin de concrétiser le bris, est remporté par Sakkari. Hélas ! 

À 3-2, Bianca demande un temps d’arrêt médical et revient sur le terrain avec un bandage à la cuisse gauche. 

Deuxième café. Le drame ! Et il y en a souvent dans ses matchs… Pour le meilleur et pour le pire. 

Le troisième set est un combat de cris de guerre entre les deux pugilistes, mais au cours du septième jeu, Bianca faiblit à vue d’œil, elle n’est plus la même, elle boite, elle sert sur une jambe, elle n’y est plus. 

Sakkari continue de la pilonner, sans merci, « killer instinct ». Maria l’emporte… Bravo ! 

Il faut lui donner. La Grecque est l’athlète la plus complète sur le circuit de la WTA. Bianca aurait dû remporter la première manche plus facilement et elle était tout près de l’emporter en deuxième manche, afin de s’emparer de la victoire. Mais Sakkari l’a fait jouer et elle l’a traînée dans le marathon, alors que Bianca devait courir un sprint.


C’est extrêmement positif ce match, et ce, malgré la défaite. Bianca est tout près d’un retour en force. Et elle y arrivera. 

Elle se rebâtit des sensations de match. Son corps réapprend à souffrir dans l’intensité du duel. Et ce duel en était un de poids lourds. De plus, sa précision était de retour et elle atteignait les cibles. 

Mais il faudra un jour arrêter de comparer ce qu’elle fait maintenant à sa performance de l’année 2019. Bien sûr, ce sont nos référents victorieux. À elle aussi, d’ailleurs. 

Il faudra qu’elle s’en fabrique d’autres. Elle n’est pas loin. Et nous non plus. Toujours derrière elle…

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