#OBN21 : Bianca Andreescu ne s’amusait pas

La joueuse canadienne Bianca Andreescu n'était pas l'ombre d'elle-même jeudi soir dernier, au stade IGA (Omnium Banque nationale 2021). 



Il faisait chaud, c’était collant, il y avait des risques d’averses, mais les joueuses se sont tout de même présentées sur le central du stade IGA pour y disputer leur match. 

Jeudi dernier, Bianca Andreescu, la championne en titre, affrontait la favorite d’une grande partie de la foule, la Tunisienne Ons Jabeur. 

J’y étais, avec l’héritier, afin de savourer mon sport préféré en direct et sur place. Dans les hauteurs, mais le stade est tellement bien construit que nous sentions que nous étions tout de même très près de l’action. 

Cela faisait depuis la finale mettant aux prises Andre Agassi et Pete Sampras en 1995 que je n’avais pas mis les pieds au tournoi de Montréal. 

Ons Jabeur volait sur le terrain au cours de son match contre la Canadienne Bianca Andreescu (Getty Images).

Bianca, on le sait, passe une année 2021 difficile. En fait, depuis qu’elle a remporté le US Open en 2019, elle vit des montagnes russes. Lorsqu’elle n’est pas blessée, elle contre-performe et bon… la COVID-19. 

La coqueluche canadienne devait affronter la sensation Nord-Africaine, Ons Jabeur. Et, depuis le début du tournoi, cette dernière a pu constater que la communauté tunisienne est très présente à Montréal. 

Première manche, Andreescu prend les devants 2-0, mais perd son service et Jabeur revient en force. Une belle bataille s’ensuit et Bianca l’emporte à l’arraché 7-6. 

Par la suite, la pluie, une blessure, Bianca qui fait non de la tête, qui pense abandonner, son camp qui lui dit non, vas-y, termine la partie. La pluie, encore… Et Jabeur en a profité. 

La talentueuse Tunisienne enlève les deux manches suivantes 6-4 et 6-1 et fait plaisir à ses « fans ». 

Oh ! Et elle parle français ? Le journaliste de TVA Sports l’a appris à ses dépens au courant de la dernière semaine. Fais tes devoirs mon gars. Bref…  

Ons Jabeur est une joueuse unique qui vole sur le terrain. D’une agilité inouïe, elle est la légèreté même. Tout indique qu’elle pourrait courir sur l’eau. 

Un coup droit puissant, des mains souples, elle est en mesure de faire l’amortie en retour de service. Pour le coup gagnant, de surcroît. 

C’est fluide à souhait, le jeu de Jabeur. Et Bianca en a pris un coup. Incapable de demeurer dans sa partie, dans son plan de match. 

Mais au fait… Quel était son plan de match ? Andreescu avait l’air perdu sur le terrain. Oui, les blessures, mais en 2019, elle remportait des tournois importants avec de multiples bandages sur les cuisses, boitant et se faisant traiter pendant les matchs. 

La batailleuse est toujours là, mais il manque quelque chose. Bien sûr, les deux dernières saisons en dents de scie ne l’aident pas. Elle ne peut jamais retrouver sa forme de match, son rythme. 

Et depuis que les joueuses se sont ouvertes sur la santé mentale cette année, depuis que je lis l’autobiographie d’Andre Agassi qui décrit sa haine du tennis, sa relation toxique avec ce sport — à cause de son père, le tyran — et de ses dépressions au courant de sa carrière, je ne cesse de me mettre dans la peau de ces athlètes. La pression qu’elles et ils doivent vivre… Incroyable ! 

Et Bianca en avait de cette pression. La favorite de la foule, championne en titre en 2019, à Toronto, première présence à Montréal, premier affrontement face à Jabeur et une foule en liesse et en grande partie tunisienne. 

Lorsque j’entendais les « Come on Bianca, do it ! », je trouvais ça violent, autoritaire, j’avais envie de faire taire ces gens. Comment recevait-elle ces encouragements ? De façon positive ou si ça l’enfonçait encore plus dans un gouffre de stresse et de pression face aux attentes élevées des partisans ? 

De plus, le match se transformait peu à peu en duel « vintage » de la Coupe Davis, où les enjeux étaient politiques, où le public insultait l’adversaire, où l’intimidation était grande. 

Nous sentions que ni Jabeur ni Andreescu ne voulaient jouer dans ce film. Jabeur a même gentiment demandé à la foule de se taire (en un geste), lorsque les partisans tunisiens criaient de joie à la vue d’une faute au service d’Andreescu. 

La pression était forte et Bianca n’avait pas l’air de prendre la célèbre citation de Billie Jean King « Pressure is a privilege » au pied de la lettre. 

J’espère qu’elle va bien, qu’elle se sortira d’impasse, qu’elle s’amusera à nouveau sur le terrain.

Il ne faut jamais oublier que le tennis demeure un jeu. On joue au tennis. Oui, on travaille, mais la notion de plaisir est importante. Elle l’a peut-être perdu. Il faudra qu’elle la retrouve. 

Allez Bianca ! On est avec toi.

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