Par Eric D’Alo 
Année après année, les Internationaux d’Australie donnent le ton à la nouvelle saison de tennis et, en pleine pandémie de COVID-19, le Melbourne Park pourra accueillir jusqu’à 30 000 spectateurs par jour, du 8 au 21 février 2021. 
En effet, c’est grâce aux strictes règles imposées par les autorités australiennes face au virus que ce petit miracle est possible. 
Alors que les tournois préparatifs sont en cours à Melbourne, à une semaine du début du premier Grand Chelem de la saison 2021, il est donc temps de faire mes prédictions. 
Je me suis concentré sur deux joueuses et deux joueurs de chez nous, soit, Leylah Annie Fernandez, Bianca Andreescu, Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov. 
Les dames d’abord ! 
Crédit Photo : Mark Blinch La Presse canadienne
Leylah Annie Fernandez : La grande percée ? 
Actuellement 89e au monde selon le classement de la WTA, Leylah Annie Fernandez est une jeune gauchère très prometteuse. Depuis qu’elle a amorcé sa carrière professionnelle en 2017, la Québécoise ne cesse de progresser. En 2019, elle est sélectionnée dans l’équipe canadienne afin de participer à la Fed Cup, une compétition internationale par équipe. En 2020, toujours à la Fed Cup et âgée de 17 ans, elle bat la cinquième joueuse mondiale Belinda Bencic en deux manches de 6-2 et 7-6. Malgré ce beau triomphe, elle demeure terre à terre. 
« Je pense qu’il s’agit d’un grand pas en avant pour moi », a-t-elle raconté à Radio-Canada. « Mais même si j’ai gagné aujourd’hui, nous allons devoir rentrer à la maison, recommencer à zéro, recommencer du début, et faire les ajustements nécessaires pour affronter une autre joueuse dans un tournoi de la WTA. » 
Sage Leylah. Et c’est ce qui fait sa force. Elle est extrêmement mature et concentrée sur la tâche à accomplir. Lors de ses matchs, peu importe ce qui arrive, avant chaque point, elle se retourne, regarde sa raquette, ajuste son cordage, sautille sur place, se parle et se motive. 
De plus, elle est très mobile et possède de bonnes habiletés en fond de terrain. Après trois ans sur le circuit professionnel, je crois qu’elle pourra faire mieux que le troisième tour à Roland-Garros en 2020, son meilleur résultat en Grand Chelem. Nous assisterons à une belle percée de la jeune joueuse en Australie.
Bianca n’a pas joué de matchs professionnels depuis la fin de l’année 2019. Depuis, elle est à 100 % de sa forme et prête à revenir au jeu afin de poursuivre sa domination amorcée il y a deux ans. Malgré cette longue pause, Andreescu est demeurée dans le top-10 mondial, au huitième rang de la WTA. 
Je prédis un retour féroce de la jeune prodige de 20 ans. Elle voudra prouver qu’elle n’est pas un feu de paille et que sa victoire éclatante aux US Open n’était que le début d’une longue carrière de domination. Elle sera affamée. 
Le seul hic : saura-t-elle garder la forme ? Si oui, elle pourrait se rendre en finale. Sinon, elle pourrait tout de même se rendre en finale. Euh… Oui ! Combien de fois avons-nous vu Bianca dominer malgré une série de bandages à la cuisse ? Mais tout de même, les blessures ne sont jamais les bienvenues. Espérons qu’elle en soit exemptée cette année. Parce qu’elle sera attendue. Elle est maintenant reconnue comme une menace sur le circuit. Elle aura du pain sur la planche. 
Félix Auger-Aliassime : Un joueur énigmatique 
Actuellement au 21e rang du circuit de l’ATP, Félix possède tous les coups, en plus d’être vif comme la panthère, nom qu’il avait au Ultimate Tennis Showdown en 2020. 
À la suite d’une collaboration de six ans, il a récemment changé d’entraîneur, en plus de signer un nouveau contrat avec Adidas. Mais, pour moi, il demeure une énigme. 
Détrompez-vous, je l’aime notre joueur québécois, mais en regardant ses matchs de 2020, je trouvais toujours qu’il lui manquait l’instinct du tueur. Cette façon de n’avoir aucune pitié pour l’adversaire. Cette faim de loup qui vous propulse toujours plus loin. C’est sur ça qu’il devra travailler cette année. Il amorce souvent ses matchs en lion, mais perd de la vitesse en cours de route. Ou, sinon, il amorce ses tournois tel un ouragan, mais, plus il avance, plus l’athlète de six pieds et quatre pouces s’envole un peu trop loin de l’objectif.
Je le répète, Félix possède tous les coups, mais sans ce « killer instinct », il ne remportera pas de Grand Chelem. C’est cet instinct qui lui permettra de battre les meilleurs. Parce que pour remporter un tournoi majeur, il faudra qu’il passe par-dessus un Nadal ou un Djokovic. 
Cette année en Australie, tout dépend de son tableau et de sa possible nouvelle attitude, en compagnie de son nouveau « coach » et de son nouvel « apparel ». Et puisqu’il a atteint les huitièmes de finales au US Open en 2020, je lui prédis un match de quart de finale en Australie. Pourquoi pas ? 
Denis Shapovalov : Reprendre là où il a laissé en 2020 
Denis a connu une année du tonnerre en 2020, terminant sa saison au 12e rang mondial. Lui, l’instinct du tueur, il l’a. Il s’est réellement approprié cette intention si importante. 
Le meilleur résultat de Shapo en Grand Chelem a été son match quart de finale face au métronome espagnol Pablo Carreno Busta en 2020, contre qui il s’était malheureusement incliné.
Shapovalov devra continuer à travailler sa constance et son attitude sur le court. Il est bouillant notre Denis national. C’est ce qui fait sa force, mais ça peut rapidement devenir son talon d’Achille. 
Cette force de caractère peut lui faire enchaîner les as et les coups gagnants, mais elle peut aussi lui faire perdre les pédales. Il crie, parle à voix haute et lance sa raquette. Et tout cela lui fait perdre sa constance, un élément si important pour aller jusqu’au bout des deux semaines de compétition, lors d’un Grand Chelem. 
Je lui prédis tout de même la finale — c’est audacieux, je sais —, puisqu’il est tellement talentueux et, avec sa mère à ses côtés qui pourra le calmer aux moments opportuns, il pourrait être imbattable.



Commentaires
Enregistrer un commentaire